• C'était un vendredi 13

    Comment tenir un blog sur mes pensées si je ne parle pas de cette journée ? 

    J'ai toujours aimé les vendredi 13. Je ne crois pas spécialement aux malédictions, à ce qui porte bonheur ou malheur, mais j'aime faire semblant de croire aux signes, c'est comme un jeu, alors j'étais impatiente de voir ce qu'allait me réserver cette journée. C'est dur à avouer, mais j'ai passer une super journée. Vraiment, ce n'était pas une journée comme les autres. J'ai été heureuse ce jour-là. Je ne me rappelle pas de ma matinée, mais je peux vous raconter l'après-midi.

    Depuis quelques temps, je parlais plus souvent que la normal par sms avec un ami. Et c'est pendant les cours de cet après-midi-là que ça a commencé à être à flirt. Ce mec me plaisait. Le fait de passer une étape non officielle avec lui, seulement par des mots cachés, m'a fait énormément plaisir. J'ai toujours adoré flirter. C'est peut-être même ce que je préfère dans une relation (et peut-être aussi pourquoi je n'ai jamais eu de longue relation). Ce petit jeu entre deux personnes, je te montre que tu me plais, mais pas trop, et je crois avoir compris que je te plais, mais finalement je n'en suis pas si sûre. Se complimenter, se faire rire ou sourire, se taquiner, faire des sous-entendus... C'est tellement passionnant.

    Puis j'ai reçu un message. Un message d'un mec qui a fait partie des plus important pour moi. Je vous raconterai cette histoire bientôt, mais pour l'instant, on peut s'en tenir au fait que l'on s'est quitté cet été en mauvais termes (lui en Espagne, moi en France, ce qui laissait les chances de se revoir quasi nulles). On ne s'est pas reparlé ensuite. Pas un message. Pour moi des milliers de pensées pourtant. Et des rêves. Des souvenirs. Des regrets. Des moments que l'on se repasse en boucle (les meilleurs comme les pires). Trois mois et demi sans rien, sans nouvelles. Trois mois pendant lesquelles il n'y avait pas un jour sans que je pense à lui. Puis ce message. Pendant le cours du vendredi de 17h à 19h, un des pires. Mais c'est devenu le moment le plus intéressant de ma journée. Encore plus que le flirt avec J quelques heures avant. Ça a été une conversation toute simple. On a fait comme si rien de s'était passé. On a parlé des études, de ce qu'on va faire l'année prochaine, un peu de nos amis communs. Très banales, mais ce n'est pas ce qui compte. C'était la preuve qu'il pensait à moi, qu'il me pardonnait. Et ce qu'il m'a dit ensuite m'a fait tenir un énorme sourire sur mon visage pour le reste de la journée. Il prévoyait de revenir en France pour aller revoir un ami commun, et me demandait si je viendrais aussi s'il y allait. Pour qu'on se revoit. Et bien sûr ! Mille fois oui ! Je ne demandais que ça. Puis on a continué à parler quelques heures (je n'avais jamais autant parlé avec lui par portable, notre relation était assez atypique, on ne se parlait pas beaucoup, même face à face). Il m'a dit qu'il me dirait quand il aura décidé des dates. Mon sourire n'a pas diminué dans le bus pour rentrer chez moi. J'habite dans une grande collocation. En croisant mes amies, j'ai senti mon sourire s'élargir encore, j'en avais les larmes aux yeux. A m'avait parlé, ne m'en voulait pas, et j'allait le revoir. C'était la plus belle chose qui pouvait m'arriver, c'est tout ce que je demandais.

    Le soir, une petite soirée était prévue chez nous. Ma meilleure amie venait. Ça faisait plus de 4 mois que je ne l'avais pas vue. Cette journée exceptionnelle continuait sur sa lancée. J'ai présentée S à mes colocataires, ils l'ont tous adorée. Tout le monde l'adore. On a bu, on a grignoté, on était même un peu bourrées. On parlait, on rigolait, on s'amusait. On passait une super soirée. 

    Puis tout a basculé.

    G a reçu un message de son père, lui demandant si tout allait bien. Un message qui aurait plus être simple et sympathique, s'il n'avait pas été suivi d'un "regarde les informations". J'ai alors regardé sur internet. Drame à Paris. Au moins 18 morts au Bataclan. Une explosion ? Un écroulement ? Non, des fous qui avait tiré dans la foule. L'ambiance a descendu d'un cran. On s'est tous sentis mal pour les victimes. On en a parlé quelques instants (c'est chaud, 18 morts quand même, c'est des malades, comment on peut faire une chose pareil ... ), puis la soirée a repris, les conversations sont redevenues joyeuses, on a continué à boire, à rigoler. On les avait déjà oubliés. Puis, plus tard, j'ai voulu lire un message sur mon portable, et je suis tombée sur la dernière page internet ouverte, celle des informations. Je l'ai actualisée. Et c'est là que j'ai compris. C'est là que j'ai compris que les premières victimes n'avaient pas été les dernières. Des explosions à coté du stade de France. Des explosions dans les rues. Des aliénés qui tiraient sur les hommes et sur les femmes, sur les enfants et sur les personnes âgées, sur les couples et sur les célibataires, sur les groupes et sur les solitaires. Sur tout le monde. Sur n'importe qui. A six endroits différents dans Paris. Une centaine de morts. UNE CENTAINE DE MORTS ! Une centaine de vies ôtées. Des avenirs volés, des amours perdus, des familles détruites. Après tout, c'est ce que recherchaient les terroristes. Ils avaient eu ce qu'ils voulaient. 

    J'ai (on a tous) l'habitude de voir les massacres qui ont lieu en Irak, en Syrie, de tous ces réfugiées qui ont perdus la vie dans l'eau, tous les morts de Boko Haram, de l'Etat Islamique, des guerres, et j'en passe, la liste est trop longue. 

    Mais jamais cela n'avait été aussi proche de moi. Je n'habite pas à Paris et je n'ai perdu personne, donc certains d'entre vous ont sans douté été beaucoup plus touchés que moi. Mais il m'a fallu ces morts, cette attaque contre mon pays, pour que je me rende compte de à quel point le monde va mal, à quel point les humains se maltraitent les uns les autres. J'étais jusqu'ici restée dans ma petite bulle de bonheur personnelle, seuls m'importaient ceux que j'aimais. Mais ces morts-là m'ont fait quelque chose. J'ai pleuré. J'ai eu mal. Je n'ai pas compris. D'ailleurs je ne comprends toujours pas. 

    Mais je pense, du moins j'espère, que les 130 personnes qui ont perdu la vie cette nuit-là ont ouvert les yeux de nombreuses personnes. Pas seulement ceux des français. Ceux du monde entier. Les attaques de Paris ont beaucoup plus touché le monde que celles qui ont lieu tous les jours au Moyen-Orient, à cause des valeurs qui ont été frappées. Mais grâce à cela, les gens vont peut-être commencer à comprendre que ça ne se passe pas que "là-bas", ça peut aussi ce passer ici, chez toi ou chez moi. Et le seule moyen d'éviter cela est d'installer la paix dans le monde. Une utopie me direz-vous. Bien sûr. Mais on peut toujours essayer de réconcilier les religions, arrêter ces dirigeants qui maltraitent leurs peuples, et surtout, surtout, faire disparaître le racisme. Car, comme l'a si bien dit Malala il y a quelques jours, c'est justement la haine et la discrimination qui poussent à la radicalisation et au terrorisme. 

    Alors, pour eux, pour tous ces morts et pour ceux qui vont encore venir, aimez-vous. Noir, blanc, marron, beige, jaune, quelle est l'importance ? Ce ne sont que des dégradés de couleurs après tout. Des cultures et des façons de penser différentes peut-être, mais c'est là ce qui fait la richesse de l'humanité. Vous imaginez si on était tous pareils ? Quel intérêt ? Le monde serait bien morne, vous ne trouvez pas ?


  • Commentaires

    1
    Lundi 21 Décembre 2015 à 11:07

    ton texte était vraiment très touchant et le message tu fais passer à la fin est tellement vrai.

      • Lundi 21 Décembre 2015 à 11:11

        Merci Maiily :) Je lutte vraiment contre racisme, je ne comprends pas comment ça peut exister. Comment peut-on associer tous les musulmans à quelques terroristes ? Ils ont la religion en commun, oui, ils y a des milliers de catholiques qui commettent des meurtres, et ce n'est pas pour cela qu'on inculpe toute la religion.

    2
    Lundi 21 Décembre 2015 à 11:17

    Je suis entièrement d'accord avec toi je trouve cela déstabilisant de voir que de plus en plus de gens sont racistes, mêmes certains de mes amis commencent à penser ce genre de choses. Je pense que c'est dû à la façon dont les médias racontent les actualités, leurs manière de faire rends les gens méfiant, méfiant à en devenir méchant avec ce qui est "différend" d'eux. Ça me fait mal au cœur.

      • Lundi 21 Décembre 2015 à 11:25

        C'est exactement ça ! Les media ont une énorme part de responsabilité là-dedans.

    3
    Lundi 21 Décembre 2015 à 19:20

    Salut ^^

    Beau texte.

    Perso ça me fait mal au cœur de voir que les gens réagissent parce que ça se passe en France, alors que les attentats dans le monde musulman qui sont beaucoup plus fréquent n'ont pas été accueilli de la même manière (oui les musulmans sont les principales victimes de l'état islamique). ça me fait mal au coeur que toutes les atrocités commises en Syrie, sois "moins réelles" que cet attentat. J'ai eu beaucoup de mal à entendre les paroles de ces personnes qui ne se sont pas renseignés sur ce conflit pour se forger une opinion en connaissance de cause. 

     

      • Lundi 21 Décembre 2015 à 19:39

        Tout à fait ! Je n'ai pas aimé le fait que le monde entier soit triste pour la France. Bien sûr c'est une solidarité qui eut faire plaisir, mais elle m'a fait honte. J'ai eu honte devant tous ces pays en souffrance pour lesquels personne n'a le moindre intérêt.  Le même jour, il y a eu un attentat à Beyrouth, faisant une 40e de morts. Qui en a parlé ? Les media ne parlaient que de la France, de Paris, du Bataclan, et encore de la France et de Paris. J'ai eu honte d'avoir l'impression que, pour eux, la vie des français a plus d'importance que la vie d'un libanais, d'un syrien ou d'un irakien...

    4
    Lundi 21 Décembre 2015 à 19:52

    La vie de chacun est autant importante.

    Si chacun se rendait compte que s'aimer, se soutenir, être solidaire et faire attention les uns aux autres  est le plus importants. 

    5
    Mercredi 6 Janvier 2016 à 01:49

    Tout cela est horrible, des gens qui s’entre tuent:( Je vis loin de la France j'ai de la famille qui vis à-bas et je ne peut m'empêcher de penser que ça aurait pu être eu qui soit touchés. On voit de la violence partout, à la télé, dans le journal, et l'impact que ça a dans la réalité est vraiment effrayant. Où va le monde?

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